Saturday, June 6, 2009

QUELQUES OFFICIERS AFRO-AMERICAINS AU SEIN DE LA DIRECTION DES OPERATIONS DE LA CIA


QUELQUES OFFICIERS AFRO-AMERICAINS AU SEIN DE LA DIRECTION DES OPERATIONS DE LA CIA

George Edward HOCKER Jr


George HOCKER rejoint la CIA vers 1958, à vingt ans, alors que certains états de l’union empêchent encore leurs citoyens de race noire de voter.

La CIA et singulièrement sa Direction des Opérations (DO) est alors -à l’image des USA- encore largement dominée par une élite masculine blanche protestante issue des classes les plus favorisées de la cote est. HOCKER est noir adventiste et originaire de la cote ouest.

On peut supposer que vu son jeune âge ll ne fait son entrée à la DO que vers 1965. Son honnête carrière d’officier traitant va débuter en Afrique en 1967. Les officiers noirs fort rares sont alors prioritairement affectés en Afrique. Cette tendance nous le verrons perdure encore de nos jours.

HOCKER sera à Nairobi de 1967 à 1969 puis à Lagos de 1971 à 1975 puis en tant que CoS à Ouagadougou de 75 à 78.

Il sera ainsi en poste dans une demi-douzaine de pays sur une période de quinze ans puis au quartier général de Langley. De 1989 à sa retraite en janvier 1992 il fut officier de liaison de la CIA auprès de la DEA.

Il fut l’un des premiers noirs à intégrer le Senior Intelligence Service –l’élite des services de renseignements- au titre de la DO. Il quitte la CIA avec un grade civil équivalent à celui d’un général de brigade.


Michael Louis SHANKLIN



Né en 1943 et élevé dans le ghetto noir de Watts à Los Angeles -théâtre en 1965 de terribles émeutes raciales- Michael SHANKLIN rejoignit le corps des marines ou il connut le feu au Vietnam et y atteignit le grade de Major.

Il rejoint l’agence en 1982 en tant que case officer. Il est « naturellement » affecté en Afrique et d’abord au Soudan au milieu des années 80 sous les ordres de Milton BEARDEN.

Les postes à risques s’enchainent ensuite du Tchad en guerre à l’Algérie pro soviétique puis à la Jordanie.

Il devient adjoint au chef de la station de Mogadiscio en Somalie en 1990 alors que le régime du dictateur Siad BARRE est à l’agonie face aux coups de boutoirs des milices du Général Mohamed Farah AIDEED et que le pays s’enfonce lentement dans le chaos de la guerre civile.

C’est lors de ce séjour que SHANKLIN cultiva puis recruta un jeune –mais déjà riche- homme d’affaires et chef de guerre du nord de Mogadiscio qui grâce à ses connections devint la principale source humaine de la CIA sur la guerre civile somalienne. Bien que les Etats-Unis de BUSH père n’ai pas pris position dans cette guerre il convenait d’avoir le maximum d’informations sur cette situation.

La relation forgé par SHANKLIN avec cet “atout” fut tellement profonde que celui-ci lui présenta sa compagne Stefania PACE un médecin italien travaillant pour une organisation humanitaire en Somalie.

SHANKLIN fut contraint de quitter la Somalie en janvier 1991 quand l’ambassade des USA fut fermée
à la suite de la chute de BARRE et du début des affrontements entre les factions de la rébellion. Il faut noter ici qu’il fut l’un des derniers a décoller en hélicoptère de l’ambassade sous le feu des rebelles, car il fut chargé de rattraper la gaffe de son chef de station en récupérant du matériel et des documents confidentiels oublié dans la panique dans son logement de fonction.

Après CINQ JOURS au quartier général de Langley il fut envoyé dans le Golfe pour des opérations de soutien aux troupes de la coalition.

Puis, pendant 1 an, il est Chef de Station au Libéria un autre pays africain en guerre civile.

A son retour à l’automne 1992 -et à sa demande- il est affecté à Londres en tant qu’officier de liaison avec le MI6.

Mais la situation somalienne le rattrape. Il est en effet désigné dès décembre 92 –sous le nom de code de CONDOR- comme chef du détachement de la CIA chargé de protéger et de préparer le débarquement d’une division de marines décidé par BUSH père.Il s’appuya dans cette opération sur la logistique de son agent principal.


Il fut notamment à l’origine du renseignement menant à l’arrestation d’Osman ATTO le trésorier d’AIDEED. Il fut aussi impliqué dans une tentative de capture d’AIDEED grâce à une balise radio dissimulés –par l’Office of Technical Services- dans une canne en ivoire qui devait lui être remise.

Après la mort tragique de son agent principal et la défaite américaine du 4 octobre 1993 il quitte la Somalie et retrouve son poste à Londres. En 1994 il reçoit des mains de John DEUTCH DCI à l’époque une intelligence star pour bravoure en Somalie. Il finira sa carrière comme haut responsables de la DO lors du déploiement américain en Bosnie.

Mais c’est surtout suite à la paranoïa qui s’est emparé de l’agence après les scandales AMES et NICHOLSON que SHANKLIN sera remercié. Il a en effet entamé une liaison intime avec Stefania PACE (citoyenne italienne) ce qui est en contravention avec les règles de l’agence. Il choisira la femme qu’il aime et qu’il finira par épouser

plutôt qu’une carrière prometteuse dans le renseignement américain.



William M PHILLIPS



Bill PHILLIPS a lui aussi connu une carrière couronnée de succès qui l’a mené aux sommets dans tout les sens du terme. Ce natif de Chicago en 1951 séjourne dans son enfance en Arkansas, ce qui explique son amour pour l’ouest américain.

Ses parents, des professeurs d’université sont affectés au Pakistan au milieu des années 60 et le jeune William qui les a suivis découvre alors la diversité culturelle du monde, hors des USA.

Cette expérience marquante, alliée à sa condition d’homme noir dans une élite américaine encore majoritairement blanche à l’époque, lui enseigne l’humilité et l’ouverture d’esprit face aux autres cultures. Ces qualités s’avéreront particulièrement utile dans sa future carrière en postes extérieurs pour la CIA. Il rejoint en effet la DO de la CIA en 1980 et sera ultérieurement affecté notamment en Turquie au Pakistan, en Iran (sans couverture diplomatique) et en Jamaïque, ou il remplace, en tant que chef de station, Janine BROOKNER à la suite de son départ mouvementé en 1991.

En 2003 il arrive, accompagné de son épouse Linda HALL –elle aussi fonctionnaire de la CIA- pour devenir chef de station dans le deuxième pays le plus peuplé de la terre.

L’Inde qui est en outre une puissance nucléaire, est à la lisière d’une région qui à la suite du 11 septembre est devenu cruciale pour la politique étrangère et militaire américaine et donc pour la CIA. En d’autre termes PHILLIPS a non seulement fait ses preuves en tant qu’officier traitant mais aussi en tant que superviseur (recrutement et/ou traitement de sources importantes, prise de risque pondérée) et se voit donc, a l’évidence, attribuer ce poste en récompense de services éminents rendus à l’agence.

En 2004 (et même si il est impossible de dire si c’est dans le cadre de ses fonctions), ce bouddhiste convaincu a le bonheur de rencontrer, en audience privée, le Dalai Lama en Inde.

En juin 2005 à l’âge de 54 ans Il quitte l’Inde et la CIA et rejoint dès août le Laboratoire National de recherches atomiques de Los Alamos en tant que Directeur de la Sécurité.




Melvin Leon GAMBLE




Melvin GAMBLE rejoint la Division Afrique (quelle surprise !!) de la DO au début des années 70.

Et après des affectations successives au Nigéria au Kenya et au Libéria il est nommé chef de station au Burkina Faso, lointain successeur de HOCKER. Cette nomination s’effectue probablement aux alentours de 1990, car, à la suite de coupes budgétaires effectuées en 1994 plusieurs stations de la CIA en Afrique -dont celle d’Ouagadougou- considérés comme inutiles sont fermées.

Lors de ses affectations ultérieures en centrale il s’impose comme un spécialiste des affaires africaines auprès des interlocuteurs traditionnels de l’agence que sont le NSC le Pentagone et le Département d’Etat. Son témoignage notamment sur le génocide rwandais de 1994 fourmillerait , à cet égard, surement de détails inédits et potentiellement explosifs pour les puissances occidentales.

En 1999 on le retrouve conseiller pour la coordination au sein de l’ambassade des Etats-Unis à Prétoria. Il est en fait, pour son cinquième séjour en Afrique, le Chef de la station de la CIA dans ce pays qui vient d’élire son deuxième président noir Thabo MBEKI.

Ce passionné de moto et d’automobiles anciennes rejoint en 2002 le quartier général de Langley ou il est successivement nommé chef de la Division Afrique puis Adjoint au chef de la Division Europe du NCS. C’est, en l’état actuel de mes recherches, le premier officier noir à atteindre le niveau de chef de division. Rappelons pour mémoires que ceux-ci étaient, à la fin des années 80 surnommés les « barons ». Il prend, en 2008, une retraite mérité.




Jeffrey Alexander STERLING




Né en 1968 et Élevé à Cape Girardeau, Missouri Jeffrey STERLING , le plus jeune d’une fratrie de six, est le seul membre de sa famille à aller à l’université.

Après avoir obtenu son diplôme de la Millikin University à Decatur, en Illinois, il obtient un diplôme en droit de la Washington University de St. Louis. Après avoir répondu à une annonce de la Central Intelligence Agency, il est embauché en 1993.

En Décembre 1994, il achève sa formation à Camp Perry pour devenir officier traitant et en Janvier 1995 rejoint L’Iran Task Force ou, selon ses dires, il y est le seul officier noir sur 20 à 30 membres.

Dans cette unité, il sillonne l’Afrique et l’Europe pour travailler avec des agents iraniens.

Après une formation en farsi, suivie d'une autre période, au siège et alors qu'il est passé par un divorce, M. Sterling est envoyé à Bonn, en Septembre 1997.

Affecté au recrutement d'agents iraniens, il déclara plus tard que ses efforts pour rencontrer notamment des diplomates perses ont été entravés en raison de sa "couverture". Il est en effet obligé de se faire passer pour un officier logisticien de l’armée américaine. Malgré ses demandes répétées a ses supérieurs, ceux-ci auraient semble t il toujours refusé de lui accorder une couverture de diplomate mieux a même de lui permettre de circuler parmi les fonctionnaires étrangers.

Si il a géré un ou deux agents en Allemagne, il ne fut jamais autorisé à en recruter de nouveaux.

Lors d’une rencontre avec ses supérieurs en Novembre 1997, Ceux-ci lui auraient déclaré que son apparence (sa peau noire) était l’obstacle principal à cette autorisation de recrutement. Il exige et obtient alors son transfert hors d’Allemagne.

Après presque un an à la division de contre-prolifération, Sterling est transféré à la station de New York en Janvier 1999, où il est de nouveau le seul officier traitant noir. Cette station est dirigé par David COHEN jusqu'à 2000 puis par Mary Margaret GRAHAM jusqu’a 2003.

Il est de nouveau assigné au traitement et au recrutement de sources iraniennes et reçoit en Septembre 1999 une évaluation positive dans ces fonctions.

Mais peu de temps après les responsables de la station de New York lui reproche son incapacité à recruter des sources iraniennes. Sterling met de nouveau en avant sa couverture inadéquate et le nouveau rejet d’attribution d’une couverture de diplomate.

En avril 2000, ses supérieurs hiérarchiques lui impose un délai de deux mois pour commencer à recruter trois nouveaux espions, et avoir trois rencontres avec chacun sous peine d’être contraint de quitter la station.

Sterling déclare avoir rejeté cette date butoir irréaliste et injuste. Il affirme que ces collègues traitants blancs ont eu systématiquement plus de temps pour répondre à des normes moins exigeantes. Il dépose alors une plainte auprès du bureau de l'égalité des chances de l'agence mais est rapidement informé qu'il serait soumis à une enquête de sécurité deux ans avant la date normale.

En août 2000, M. Sterling est forcé de quitter la station de New York et en Mars 2001est suspendu de ses fonctions. Il affirme avoir été congédié pour avoir refusé une affectation à la Iran Task Force, l’agence affirmant qu’il a refusé d’autre postes proposés. il est finalement licencié en octobre, 1 mois après les attentats de New York et Washington.

Le procès qu’il a intenté contre la CIA et 10 de ses employés pour discrimination raciale n’est jamais allé au bout car les juges ont considéré que cette action pouvait dévoiler les méthodes de l’agence. La cour suprême a confirmé ce jugement en 2006.

STERLING est retourné à St LOUIS ou il est aujourd’hui enquêteur pour une compagnie d’assurance.




Andrew M. WARREN



Andrew M. WARREN a grandi dans une ferme à Chesapeake en Virginie.

Après une licence à la Norfolk State University et un DEA d’histoire du Moyen orient et d’arabe à l’université d’Indiana il rejoint la NSA ou ses talents linguistiques ont surement été appréciés.

En 1997 la CIA recrute ce géant de 1m90 ceinture noire de karaté, et après une année de formation il est affecté, en tant qu’officier traitant (case officer) sans surprise, à la division Moyen Orient de la DO alors dirigée par Stephen W. RICHTER. Il en profite pour voyager dans son domaine géographique qui s’étend des cotes atlantiques du Maroc aux confins de l’Inde et de la Birmanie.

En 1999 son premier poste extérieur est le Koweït ou il travaille sous couverture diplomatique (probablement deuxième ou troisième secrétaire) à l’ambassade américaine très certainement en direction de l’Irak qui n’a jamais quitté les radars de la CIA depuis 1991.

A son retour du golfe et après avoir commis un roman qui connut un petit succès d’estime, il quitte la CIA pour céder aux sirènes du privé. Il intègre une société financière à New-York. Et c’est des fenêtres de son bureau qu’il assiste à l’effondrement des tours du WTC le 11 septembre 2001.

Dans un élan patriotique il rejoint de nouveau les services opérationnels de la CIA. Il y est accueilli à bras ouverts non seulement en tant que linguiste arabe avec une expérience à l’étranger mais aussi en tant qu’homme noir converti à l’Islam. A l’heure de la guerre globale contre le terrorisme islamiste ce profil est l’un des plus recherchés par l’agence. Il lui permet de se fondre naturellement dans la foule arabe et d’accéder plus facilement a une mosquée voire à une madrassa.

Il est rapidement affecté à la station de Kaboul. Il effectue ensuite jusqu'à 2007 un séjour au Caire.

En tant qu’OT dans cette région il a, semble-t-il rapidement appris l’importance du sexe dans le recrutement de sources. Ils sembleraient que, non content de les inviter dans des strip clubs, ils accompagnaient ses recrues potentielles dans des visites discrètes qu’il finançait sur fonds secrets, dans des maisons de tolérance.

Ces méthodes et son profil décrit plus haut lui valent plusieurs récompenses et promotions et une ascension rapide de sa carrière. A tel point qu’en avril 2007, à 40 ans, cette « étoile montante » devient Chef de Station à Alger. Cette station est prioritairement chargée du suivi des activités du groupe Al-Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI). Ce groupe, auteur de plusieurs attentats meurtriers en Algérie, est en effet la filiale locale de la nébuleuse créé par Oussama BEN LADEN à la lisière de l’Europe Occidentale avec des ramifications du Niger à l’Espagne et à la France.

Sa résidence personnelle est alors situé 5, Chemin D’Hydra, Poirsson, El Biar à Alger, un complexe d’immeuble s rattaché à l’ambassade américaine et mis a disposition des diplomates en poste sur place

En Août ou Septembre 2007 une algérienne détentrice d’un passeport allemand est invitée a participer à une fête dans l’appartement de WARREN ou de son propre aveu elle a consommé plusieurs verres whisky-coca. Il faut attendre juin 2008 pour qu’elle se présente devant le chef du détachement des Marines à l’ambassade US pour se plaindre d’avoir été droguée puis violée par WARREN lors de cette soirée.

Les faits sont transmis à Washington, qui ordonne l’ouverture d’une enquête préliminaire confidentielle par le DSS.

Le 15 septembre 2008 une algérienne résidant en Espagne se confie à Thomas F. DAUGHTON l’adjoint au chef de mission de l’ambassade des Etats-Unis à Alger. Elle lui indique qu’avec son mari, elle avait lié connaissance avec l’officier de la CIA lorsque celui-ci était en poste à l’ambassade US au Caire. Depuis, ils ont gardé des contacts. Mais surtout que le 17 Février 2008 lors d’une soirée chez WARREN elle aurait ressenti un malaise et aurait été violée par lui.

Le 25 septembre 2008 un agent spécial de la DSS auditionne la première victime présumée pour connaître sa version tandis qu’un autre se rend en Espagne pour recueillir officiellement les déclarations de la deuxième.

Même si il n’a pas été possible de le vérifier il parait probable que la CIA ait mené sa propre enquête interne.

Le 9 octobre 2008 l’ambassadeur américain à Alger David PEARCE demande et obtient le rappel du chef de station aux USA.

Malgré sa confidentialité les résultats de l’enquête du DSS sont révélés le 29 janvier 2009 par la chaine de télévision ABC avec forces détails .

Il convient ici de rappeler que ces révélations se déroulent quelques jours après la prestation de serment de Barack OBAMA et que le lendemain l’ambassadeur PEARCE, devait être reçu par le ministre algérien de la Défense, Abdelmalek GUENAÏZIA.

L’affaire est aujourd’hui encore devant la justice américaine mais il faut noter que si WARREN reconnait les relations consenties il nie toujours les viols.